L’horloge tourne pour le déboursement du prêt de la BM

Dans un rapport, la Banque mondiale (BM) a dénoncé l’inaction du gouvernement libanais dans la mise en œuvre du projet de filet de sécurité sociale financé par l’institution internationale à hauteur de 246 millions de dollars dans le but de venir en aide aux plus démunis face à la crise socio-économique qui s’aggrave de jour en jour depuis plus d’un an et demi au Liban. Ce prêt, validé en interne par la BM le 12 janvier dernier, avait été approuvé par le Parlement deux mois plus tard, mais aucune mesure n’a depuis été prise pour lancer ce projet, telle la vérification des listes de candidats éligibles à recevoir cette aide. Un processus « qui devrait prendre au moins 4 à 6 mois et qui aurait dû démarrer il y a quelques mois », a estimé la BM. De surcroît, la date butoir pour déclarer ce prêt effectif est fixée à « 120 jours » après l’approbation de la BM, soit une expiration de ce contrat qui est prévue le 12 mai prochain.

Contacté par L’Orient Today hier, Saroj Kumar Jha, directeur régional pour le Moyen-Orient de la BM, a toutefois évoqué la possibilité d’une extension de cette date limite s’il arrivait que les responsables libanais en charge du dossier n’ont toujours pas rempli les conditions requises par le contrat d’ici à la mi-mai. Parmi celles-ci, l’expédition des documents de ratification parlementaire incluant les modifications effectuées par la Chambre lors du vote, notamment « la réduction des allocations de fonds pour différentes activités-clés », a noté la Banque mondiale dans son rapport.

Versement en livres ou en dollars

De fait, le Parlement avait modifié le projet initial et demandé à réallouer à l’enveloppe des aides directement versées aux plus pauvres le montant de 21 millions de dollars, réservé au sein de ce prêt pour la constitution d’une base de données permettant de contrôler la transparence des opérations de décaissement. « La Banque mondiale attend une lettre du ministre (sortant) des Finances pour examiner les changements apportés par le Parlement, ce qui nécessitera probablement une restructuration et des subventions supplémentaires pour que le projet couvre les activités nécessaires », a rappelé la BM dans ce rapport.

Outre les conditions de décaissement modifiées et devant être approuvées par toutes les parties pour l’entrée en vigueur de ce projet, la question de la monnaie de déboursement de cette enveloppe n’a pas encore été tranchée, alors que la Banque du Liban (BDL) a adressé une lettre début avril aux institutions concernées par ce prêt y proposant de le décaisser en livres libanaises au taux du marché parallèle plutôt qu’en dollars. Une nouvelle tentative de la BDL de capter les devises du prêt pour ralentir la fonte de ses réserves, utilisées pour les subventions de certaines importations de produits essentiels (carburants, blé, médicaments, entre autres).

Le courrier avait d’ailleurs fuité dans les médias en début de semaine dernière, faisant monter au créneau l’Union des déposants, une ONG locale investie dans la défense des déposants libanais soumis à des restrictions bancaires depuis la fin de l’été 2019. Suite à une rencontre avec les représentants de cette ONG mardi dernier, Saroj Kumar Jha y avait réaffirmé son souhait de verser exclusivement les aides financières en devises aux bénéficiaires. Un choix motivé en raison d’une grande dépréciation de la monnaie nationale tournant dernièrement autour des 12 000 livres libanaises le dollar sur le marché parallèle, soit le double du taux dit « humanitaire » de 6 240 livres par dollar, négocié en amont de ce contrat et approuvé par le Parlement début mars.