Avant un futur voyage au Liban, le Pape reçoit Hariri

La visite a été annoncée au début du mois par le représentant du pape au Liban : le premier ministre désigné, Saad Hariri, a rencontré François dans la matinée au Vatican, et ce alors que l’évêque de Rome a affirmé à plusieurs reprises, ces derniers mois, vouloir se rendre au Liban.

"Sa Sainteté le pape François a reçu ce matin M. Hariri au palais apostolique du Vatican, en présence de l'ancien ministre Ghattas Khoury et du conseiller Bassem el-Chab", a indiqué le bureau de presse de M. Hariri dans un communiqué. La réunion a porté sur "les relations historiques entre le Saint-Siège et le pays du cèdre ainsi que sur le rôle que peut jouer le Vatican pour aider le Liban à faire face aux crises qu'il traverse", a encore rapporté le bureau de presse. Comme il est d'usage, le Premier ministre désigné à remis au souverain pontife un cadeau, une œuvre d'art représentant saint Georges terrassant le dragon, réalisée par des chrétiens palestiniens installés depuis trois générations en Colombie.

Après avoir dit en décembre, dans un message envoyé à Noël, vouloir visiter le pays « dès que possible », le pape François avait renouvelé cette volonté le 8 mars, au retour de son voyage en Irak. « Le patriarche Raï m’a demandé de faire une halte à Beyrouth au cours de ce voyage, mais cela m’a semblé peu. Une “miette” face à un problème, face à un pays qui souffre comme le Liban », avait commenté le pape. Qui avait ajouté : « Je lui ai écrit une lettre, je lui ai promis de faire un voyage. »

« Une aide extérieure pour sauver le pays »

Même si ces annonces ont soulevé des espoirs importants, notamment à Beyrouth, aucun voyage n’a pour l’instant été annoncé par le Saint-Siège. D’après les informations de La Croix, Rome travaille néanmoins sur la préparation de cette visite, comme en témoigne la visite de Saad Hariri, mais aussi, dans la même période, de la présence au Vatican du nonce au Liban. Le chef de la diplomatie du pape, Mgr Paul R. Gallagher, devrait également se rendre dans le pays à la mi-juin.

« Il y a une vraie attente de la part des chrétiens et du clergé, avivée par le voyage en Irak, qui a eu ici un grand écho, relève une source, bonne connaisseuse des milieux chrétiens, à Beyrouth. Dans la société libanaise, beaucoup de gens attendent plus ou moins consciemment une aide extérieure pour sauver le pays d’une situation catastrophique. Et le pape est assurément vu comme une telle figure. »

Le risque de « parler à une chaise vide »

Reste à savoir si un tel voyage est possible alors que le Liban n’a à sa tête aucun véritable gouvernement. À ce stade, Saad Hariri, premier ministre désigné, n’est pas parvenu à former un gouvernement. « Venir dans ces conditions, pour le pape, ce serait comme parler à une chaise vide », analyse un observateur à Beyrouth. « François n’aurait aucune marge de manœuvre. Dans un pays sans gouvernement, ses paroles auront beaucoup moins de poids, et il est peu probable que cela fasse bouger les choses », abonde un diplomate en poste à Rome.

Au cours de l'audience privée d'une trentaine de minutes accordée à M. Hariri, "le pape a voulu réitérer sa proximité au peuple libanais qui vit un moment de grandes difficultés et d'incertitude et a rappelé la responsabilité de toutes les forces politiques de s'engager d'urgence au bénéfice de la nation", a déclaré aux journalistes le chef du service de presse du Vatican, Matteo Bruni.

"Tout en réaffirmant son propre souhait de visiter le pays dès que les conditions seront réunies, le pape François a exprimé le souhait que le Liban, aidé par la communauté internationale, recommence à incarner +la force des cèdres, la diversité qui de faiblesse devient force dans un grand peuple réconcilié+ avec sa vocation à être une terre de rencontre, de cohabitation et de pluralisme", a conclu M. Bruni.

Le pape a manifesté plusieurs fois son intérêt pour le pays du cèdre. Lors de son traditionnel message de Pâques, il a appelé la communauté internationale à "soutenir le peuple libanais, qui traverse une période de difficultés et d’incertitudes", remerciant le Liban d'accueillir, avec la Jordanie "de très nombreux réfugiés ayant fui le conflit syrien" et souhaitant qu'il soit "soutenu par la communauté internationale dans sa vocation d’être une terre de rencontre, de coexistence et de pluralisme".