Explosion du 4 août - Les familles des victimes donnent trois semaines au juge Bitar

Prenant la parole au nom du comité des familles des victimes, Ibrahim Hoteit, qui a lui-même perdu son frère dans la catastrophe, a notamment dénoncé la mauvaise gestion de l'État dans le traitement des personnes blessées. Il a notamment critiqué le fait que le ministère de la Santé n'a pas diffusé à tous les hôpitaux du pays la liste complète des blessés. En conséquence, les personnes qui, suite à la double explosion, ont besoin d'être suivies médicalement sur le long terme sont obligées de se rendre dans les hôpitaux où elles ont été soignées pour la première fois lors de l'explosion pour que leurs frais puissent être couverts par le ministère ou la Caisse nationale pour la sécurité sociale (CNSS). Il a également pointé du doigt les ministères de la Défense et des Finances pour leur mauvaise gestion des dossiers des compensations dont peuvent bénéficier les familles des victimes, dans le cadre de la loi adoptée fin novembre assimilant les victimes à des "martyrs" de l'armée. Parmi les reproches adressés à ces deux ministères, M. Hoteit a évoqué le fait que des documents présentés pour bénéficier du statut de "martyr de l'armée" avaient été refusés, sous prétexte que l'heure du décès de la victime n'était pas indiquée de manière précise, et que la Défense et les Finances se rejetaient la responsabilité de cette procédure. "Nous leur demandons d'arrêter immédiatement cette farce", a-t-il lancé.Il a entre autres regretté que cette loi ne prenne pas en compte les droits des personnes qui se sont retrouvées handicapées suite à la déflagration.
Trois semaines
Revenant par ailleurs sur les derniers développements de l'enquête et sur la nomination il y a deux semaines du juge Tarek Bitar en tant que juge d'instruction près la Cour de justice, après la mise à l'écart de Fadi Sawan, le porte-parole a souligné que les familles laissaient trois semaines à M. Bitar pour qu'il dévoile les premiers résultats de son enquête. "Nous ne permettrons pas que se reproduise ce qu'il s'est passé avec Fadi Sawan", a-t-il affirmé, annonçant qu'en cas de nouvelle ingérence politique dans l'enquête, les proches de victimes se rendront directement chez les responsables faisant obstacle à l'instruction. "Nous ne voulons pas que le sang de nos martyrs ait coulé en vain", a-t-il déclaré, appelant la cour de Cassation, dont la chambre pénale avait pris la décision de dessaisir le juge Sawan, à "bien réfléchir" avant de prendre toute décision éventuelle concernant les suites de l'enquête "pour ne pas être considérée comme responsable de la ruine du pays". "Arrêtez vos petits calculs étroits, sinon vous deviendrez la cible de notre révolution", a-t-il menacé. La double explosion meurtrière au port de Beyrouth a fait plus de 200 victimes et 6.500 blessés, ravageant des quartiers entiers de la capitale sans qu'aucun responsable n'ait été jugé jusque-là. Plusieurs responsables sécuritaires et politiques, notamment le Premier ministre sortant Hassane Diab, avaient été inculpés pour négligence par le juge Sawan. Ce dernier avait été écarté de l'instruction il y a plus de deux semaines suite à un recours déposé contre lui par les députés et anciens ministres Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil, également mis en accusation, ainsi que l'ancien ministre Youssef Fenianos.