Source: Kataeb.org
Thursday 10 September 2020 19:57:01
Le cèdre ou “Cedrus Libani” est cet arbre dont les racines plongent dans les mythes de la plus haute Antiquité, mais qui, pourtant, trône encore sur les montagnes du Liban, témoignant ainsi de sa longévité. Mais le cèdre régnait déjà à Byblos, à Ebla et à Jérusalem, où les architectes du roi Salomon réalisèrent la superbe charpente du Temple des Hébreux avec le bois du cèdre.
Les Phéniciens construisaient leurs bateaux avec du bois de cèdre.
Les Égyptiens, quant à eux aussi, utilisèrent le bois du cèdre pour construire des bateaux et des statues.
Selon une légende égyptienne, le bruissement des feuilles sous le vent dans les forêts de cèdre n’était autre que la plainte de la déesse Osiris, dont le corps était enfermé dans un cercueil confectionné en bois de cèdre. De ce fait, en égyptien, le terme désignant le cèdre signifiait aussi « gémir ». Ainsi, cet arbre symbolisait l’immortalité et l’incorruptibilité, à l’instar de l’âme d’Osiris devenue éternelle, et les artisans du bois d’Égypte réalisaient des cercueils en bois de cèdre, dont la forte odeur résineuse avait la réputation d’adoucir celle de la putréfaction du corps et de chasser les insectes.
Le cèdre avait tant d’attraits aux yeux de nos ancêtres que les auteurs de la Bible eux-mêmes en vinrent à le considérer comme une représentation de l’Arbre du jardin d’Éden, dont une branche fut le bâton de Moïse, une autre la verge d’Aaron, et dont le bois fut encore utilisé pour réaliser la Croix du Christ.
« Le juste pousse comme un palmier, il grandit comme un cèdre au Liban », dit le psalmiste (Psaumes 92, 13).
Le “Cedrus libani” a été adopté en 1943 comme symbole du drapeau libanais après avoir été pendant plus de 500 ans l’emblème de l’église maronite. Les libanais sont très fiers de leur arbre, le cèdre est un symbole d'espoir, de liberté et de mémoire.
En 1920, un des textes de la proclamation du Grand Liban déclare : “Un cèdre toujours vert, c'est un peuple toujours jeune en dépit d'un passé cruel. Quoiqu’opprimé, jamais conquis, le cèdre est son signe de ralliement. Par l'union, il brisera toutes les attaques”.
Contre nous : pour les abattre et en faire des palais, des navires, des armes, des machines de guerre. Les inscriptions assyriennes parlent des cèdres du Liban employés à la construction des palais. Alexandre fit établir une flotte de bois de cyprès ; le cèdre fournissait d’excellents mâts de vaisseau.
Les habitants du Chouf racontent que durant la Guerre civile (1975-1990), le leader druze Walid Joumblatt avait fait creuser des tranchées et miner les alentours de la forêt des cèdres pour la protéger. Les écologistes mettent en garde contre l'impact du réchauffement climatique sur cet arbre qui figure sur la “liste rouge” des espèces “menacées fortement” de l'Union Internationale pour la Préservation de la nature. Au-delà de tout ceci, une question demeure : quelles leçons pouvons-nous en tirer ?
Dans son symbolisme, Le Cèdre est le plus célèbre des arbres mentionnés dans l’Écriture sainte et symbolise à la fois : l’emblème de la beauté, de la force et de l’immortalité (Juges 9.15 ; 1Rois 5.6 ; Esaïe 14.8 ; Eze 27.5 ; Zach 11.1). En raison des caractéristiques (taille, diamètre, durée de vie), le Cèdre du Liban est devenu un emblème de grandeur, de noblesse, de force, de pérennité et d'incorruptibilité. “Le Cèdre ne pourrit pas ; faire du cèdre les poutres de nos demeures, c'est préserver l'âme de la corruption.” Origène (IIème siècle). L'astrologie celtique a fait du cèdre le symbole de “la confiance”. Le Cèdre du Liban, erez en hébreu, est mentionné dans les trois grandes religions monothéistes.
Le Cèdre du Liban est cité 103 fois dans la Bible : ‘‘Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : J'enlèverai, moi, la cime d'un grand cèdre, et je la placerai ; j'arracherai du sommet de ses branches un tendre rameau, et je le planterai sur une montagne haute et élevée. Je le planterai sur une haute montagne d'Israël; il produira des branches et portera du fruit, il deviendra un cèdre magnifique. Les oiseaux de toute espèce reposeront sous lui, tout ce qui a des ailes reposera sous l'ombre de ses rameaux. Et tous les arbres des champs sauront que moi, l'Éternel, j'ai abaissé l'arbre qui s'élevait et élevé l'arbre qui était abaissé, que j'ai desséché l'arbre vert et fait verdir l'arbre sec. Moi, l'Éternel, j'ai parlé, et j'agirai” (Ezéchiel 17.22-24).
‘‘Son aspect est celui du Liban, sans rival comme les cèdres. Ses discours sont la suavité même, et tout en lui n'est que charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon époux, filles de Jérusalem’’(Cantique 5,15)
Sanchérib à propos du cèdre dit : ‘‘Avec la multitude de mes chars, j’ai gravi les sommets des montagnes, les côtés du Liban ; je couperai les plus hauts de ses cèdres, les plus beaux de ses cyprès ; je parviendrai jusqu’à sa dernière cime, jusqu’à la forêt de son verger’’ (Esaïe 37.24)
Salomon, vers 976 avant Jésus-Christ, utilisa largement le Cèdre du Liban, en planches, en poutres, en caisson pour la construction du premier Temple de Jérusalem : “Il garnit de planches de cèdre la face interne des murs du Temple - depuis le sol du Temple jusqu'aux poutres du plafond, il mit un revêtement de bois à l'intérieur - et il couvrit de planches de genévrier le sol du Temple.” (1Rois 6.15).
La chaleur et la stabilité exceptionnelles du cèdre en font le matériau idéal pour une variété d'utilisations en intérieur, comme des zones à humidité élevée telles que les cuisines, salles de bains et saunas. Un panneautage en cèdre dans ces situations apportera caractère et charme à une beauté fonctionnelle et fiable au fil des ans.
La Croix du Christ aurait été faite en Cèdre, pour la traverse, et en bois d'Olivier pour le pieu. Le Coran cite le Sidrat-al-Muntaha, ou cèdre de la fin : « cet arbre géant s'élève jusqu'au septième ciel sous le trône d'Allah ; quand une feuille tombe, une personne meurt.
Les noces de cèdre symbolisent les 49 ans de mariage dans le folklore.
« Le croyant est comme une plante cultivée qui croît et que le vent fait pencher, car le Croyant aussi ne cesse de subir des épreuves. L’hypocrite, quant à lui, est comme le cèdre que rien ne peut secouer jusqu’à sa chute. »
Bassam Zalzal
Professeur - Ancien Chargé de Mission ESA - Paris