L'armée commence à pulvériser des insecticides dans la Békaa contre des essaims de criquets

L'armée libanaise a annoncé vendredi avoir commencé à pulvériser des pesticides pour lutter contre des essaims de criquets dans la dans la Békaa, le ministre sortant de l'Agriculture appelant à la vigilance, tout en se voulant rassurant.

"Pour venir à bout d'essaims de criquets et limiter leur propagation puis les éliminer, des hélicoptères de l'armée libanaise, en coordination avec le ministère de l'Agriculture, ont pulvérisé des insecticides au-dessus des régions de Baalbeck et Ras-Baalbeck", a annoncé la troupe sur Twitter.

Plus tôt dans la journée, le ministre sortant de l'Agriculture, Abbas Mortada, dans des propos rapportés par Radio Liban, a estimé que le nombre de criquets recensés en territoire libanais jusque-là restait "acceptable". Le responsable, qui s'est rendu à Ersal où de nombreux criquets ont été recensés, a toutefois mis en garde les Libanais contre "l'éventuelle arrivée d'essaims de ces insectes à tout moment". Il a appelé les citoyens, notamment ceux qui résident dans des régions proches des frontières libano-syriennes et qui voient ce phénomène, à notifier le ministère en appelant le 81-964621. Et de prévenir que les criquets constituent une menace à la sécurité alimentaire, et un phénomène contre lequel il faut lutter. Dans un communiqué, le ministère de l'Agriculture a également appelé les apiculteurs du jurd de Ersal à protéger leurs ruches d'abeilles lors des campagnes de pulvérisation de pesticides.

Depuis le début du printemps, des vagues de criquets ont été observées dans plusieurs endroits au Liban. Interrogé par L'Orient-Le Jour, Nabil Nemer, écologiste, estime que les insectes observés actuellement sont des individus isolés. "Ce sont très vraisemblablement des criquets qui sont demeurés sur le territoire depuis l’année dernière, et on recommence à les voir parce que le printemps est là et qu’il fait plus chaud. Mais nous sommes loin des essaims de millions d’insectes qui représentent un danger", ajoute- t-il.

Les criquets pèlerins, les plus dangereux des espèces de criquets ravageurs, sont redoutés depuis des siècles pour leur voracité : ils sont capables d’anéantir des récoltes, et même d’attaquer les arbres dont ils se nourrissent des branches s’ils ont très faim. Mondialement, la dernière infestation d’envergure a eu lieu en 2004-2005, provoquant des pertes significatives de la production agricole en Afrique de l’Ouest, avec un impact sur la sécurité alimentaire dans cette région.

Au Liban, la mémoire collective retient un épisode tragique du début du siècle dernier, lorsqu'une invasion particulièrement terrible de criquets a contribué à la grande famine  pendant la Première Guerre mondiale. Mais il n’y a plus eu d’épisodes aussi dévastateurs depuis, bien que la crainte se renouvelle pratiquement tous les ans.